La Fin d'une errance?

En cet après midi ensoleillé, une jeune femme en armure se promenait sur les quais d'un air sombre, surveillée de près par les gardes, désormais au fait de l'infiltration de membres du Marteau du Crépuscule à Hurlevent, et par conséquent méfiant envers ceux qu'ils ne connaissaient pas.

Keolys ne se souciait plus guère de leurs regards suspicieux depuis un moment déjà. Cela faisait maintenant trois mois qu'elle avait quitté l'Ordre des Paladins d'Hurlevent et qu'elle vivait en ville, de la solde qu'elle avait reçue durant son service, et elle ne s'était simplement pas encore habituée à la vie en ville.

Les raisons qui l'avaient poussée à quitter l'Ordre des Paladins étaient multiples, de l'évidente corruption qui était l'apanage de certains de ses chefs au fait qu'ils se souciaient plus de protéger les nobles que le peuple, ce qui était, pour une fille de fermiers, une faute très grave.

Inspectant la dernière pièce d'argent qu'elle tenait entre ses mains, Keolys comprit qu'il était temps pour elle de remonter la pente, de prendre une décision. Son regard fut alors attiré par un navire qui mouillait un quai plus loin de celui où se trouvait la jeune femme, et qui semblait habité. Curieuse, elle s'en approcha, et remarqua une affiche placardée sur un panneau. Après l'avoir lue, Keolys sourit et s'avança vers le garde de faction devant le navire le sourire aux lèvres, murmurant pour elle même: "Il semblerait que la Lumière me sourie à nouveau, quoiqu'aient dit les vieux fous de l'Ordre".

Se plantant devant le garde de sa plus haute stature, elle lui adressa un sourire rayonnant avant de lui demander:

"C'est ici qu'il faut postuler pour esperer rejoindre les Sentinelles?"

Zim n'était pas le garde de plus haute stature, non. Zim était un petit rouquin d'une quinzaine d'années qui pourrait une armure de mailles trop grande pour lui. Les dents de devant écartées et les cheveux bouclés qu'il possédait lui donnaient un air désespérement gentillet qu'il ne parvenait pas à effacer même lorsqu'il se devait de se montrer un peu "froid", comme les gardes du port qui avaient la charge de le former.
Alors lorsque la donzelle blonde s'était rapprochée du quai de la Durance et que les gars avaient compris qu'elle venait pour s'adresser à eux, l'un d'eux avait missionné Zim en quelques mots simples.

- Tu lui demande quoi qu'elle veut, et que si qu'elle vient pour le r'crutement, tu lui dis que c'est pas possib'.

Et Zim avait attendu tout à côté du garde massif que la belle avait abordé avec son large sourire. Hop, la demoiselle voulait postuler. Bon, il fallait lui dire que ce n'était pas "possib'".
Le géant ne répondit pas à l'inconnue, mais désigna d'un sourire et d'un regard vers le bas le brave petit rouquin, qui essayait désespérement de se composer un faciès qu'il voulait mature et viril. Comprenant que c'était à lui de jouer, Zim se râcla la gorge pour s'annoncer et prit la parole.

- Que si vous êtes là pour le recrutement, que c'est pas possib', c'est mon chef qui l'a dit.

Non, personne ne croyait au numéro viril du gamin, mais beaucoup de monde en comprenait le but. Et alors que la demoiselle aurait dû partir, Zim se mit à la regarder sous toutes les coutures, prêtant une attention toute particulière à ses formes féminines. Se grattant finalement la tête après une inspection minutieuse, il se tourna vers le navire, mit ses mains en porte-voix... Et hurla.

- GENERAL VAAAAAAALEEEEEEENTH ! Y'A UNE FILLE COMME VOUS AIMEZ BIEN, AVEC DES GROS BALLOOOOOOOOOOOOOOOONS !

Et tandis que les gardes adultes se passaient une main sur la figure en grommellant quelque chose à propos de la Lumière et de la bêtise de certains, Zim se tourna joyeusement vers la paladin, un large, large sourire vissé sur les lèvres.

- Voilà, vous êtes recrutée ! Enfin presq' !

Au premier abord, la jeune femme n'avait même pas remarqué le petit rouquin flanqué près du garde, mais elle fut amusée par après de voir ce petit bonhomme, probablement originaire des mêmes classes sociales qu'elle-même, essayer de paraître plus homme qu'il ne devrait l'être.

Lorsqu'il se râcla la gorge, afin d'annoncer que le recrutement était actuellement clos, Keolys eut deux réactions: D'abord, avant qu'il ait terminé sa phrase, elle aut un sourire quasi maternel pour le jeune garçon, car elle avait reconnu l'accent de la Marche de l'Ouest, où elle avait passé la plus grande partie de sa vie.Ensuite, quand elle comprit que le recrutement semblait ne pas faire partie des options actuelles des Sentinelles, elle fit la moue, et jura intérieurement.

Cependant, avant même qu'elle ait pu rétorquer quoique ce soit, ou même partir sans un mot, Keolys ne put s'empêcher de remarquer le regard vraiment TRES déplacé du jeune rouquin, qui semblait désormais bien plus interessé par les
parties de son anatomie que cachaient sa lourde armure que par son visage ou même son éventuelle réponse.

Bien qu'habituée aux remarques déplacées et aux oeillades perverses des membres de la gent masculine (après tout, la formation de paladin restait encore majoritairement une affaire d'homme, et les instructeurs n'avaient pas trouvé bon de créer un dortoir féminin), Keolys sut que la solution habituelle à ces situations consistant à adroitement placer un coup de pied dans les parties que ledit malandrin pensait à utiliser n'était certainement pas la bonne solution, et qu'il faudrait plutôt utiliser de diplomatie, au vu du nombre de gardes qu'il pouvait y avoir sur le navire.

Elle n'eut cependant, encore une fois, pas le temps d'agir, que le jeune garçon se mit à hurler à l'attention d'un certain Général Valenth une recommandation qui, si elle n'était pas très polie et qu'elle ne mettait pas forcément en avant les valeurs que Keolys pensait utiliser, ferait probablement son effet.

Le garçon se tourna ensuite de nouveau vers elle, un sourire aux lèvres, et lui annonça qu'elle serait surement recrutée sous peu. D'abord interloquée, la blonde eut un regard certainement aussi expressif que peut l'être une carpe, puis fut prise d'une crise incontrôlée de rire, probablement autant devant le drôle de la situation que parce qu'elle était gênée.

Elle se reprit ensuite un peu, sourit au jeune garçon, et lui dit dans un sourire:

"Disons que pour aujourd'hui, je vais passer ces propos assez insultants, parce que tu viens du même endroit que moi, que tu m'as l'air sympathique et que ça va probablement m'aider à devenir membre des Sentinelles. Mais on ne s'adresse pas ainsi aux femmes, compris?"

La Paladin entendit dans le même temps des bruits de pas sur le pont du navire, se dit que ce devait être ce Général Valenth qui arrivait, aussi se tint elle droite avec, consciemment ou non nul ne le saura jamais, la poitrine légèrement en avant.

Devant le rire de la jeune femme et les regards plus où moins ronds de ses collègues de travail, Zim prit la mouche. Croisant les bras et rougissant, il grogna un peu, vexé dans sa virilité encore bien enfantine. Il avait fait tout correctement, après tout ! Froid mais poli comme lui avaient appris les gardes, mais en plus il avait prévenu le général d'une fille "avec des gros ballons", comme ce dernier le lui avait demandé ! Ce n'était pas pour qu'on se moque de lui qu'il faisait tant d'efforts, ça non ! Zim voulait devenir le chef de la Garde d'Hurlevent et il y croyait dur comme fer !
Alors quand la paladine s'adressa à lui, Zim en rajouta une couche, le feu aux joues.

- D'abord, je fais quoi qu'on m'dis ! Ensuite, le Général y parle tout l'temps comme ça et il est général ! Alors moi je dis qu'on peut parler aux filles comme ça, comme ça on a des belles armures toutes brillantes et tout pleins de gens pour aller nous acheter des parchemins avec des filles nues, comme y fait l'général ! D'abord !

A l'arrivée des pas, les autres gardes se redressèrent et effectuèrent un salut militaire à l'homme qui venait d'arriver... Avant de pouffer de rire l'air de rien. D'un geste, l'homme les congédia et tapa sans réelle violence sur la tête de Zim avant de se pencher vers lui.

- Tu t'es senti obligé de hurler, gamin ?

- Mais c'est vous qu'avez dit qu'il fallait que je vous prévienne vite si une fille avec des ballons se présentait, général ! Et elle, ben elle en a, pour sûr !

Comme pour se justifier, Zim tapota sans réellement y penser le buste de la jeune femme avant de se faire rappeller à l'ordre par une nouvelle tape, un peu plus forte celle là.

- Va voir dans le Quartier des Nains si j'y suis, Zim. Prestement !

Et le pauvre Zim de gromeller devant le ton impérieux, signifiant qu'il ne comprenait pas pourquoi il était congédié pour avoir fait son travail, ce qui était tout de même un comble ! Le rouquin ayant emprunté le chemin du coeur de la ville, Valenth eut le champ libre pour se présenter à l'arrivante, se demandant ce qui allait lui tomber dessus après cette parenthèse. Bah, ce n'était pas comme si il n'avait pas l'habitude de ce genre de situation, après tout...
L'homme d'une bonne trentaine d'années se redressa en regardant la paladine, lui exposant son corps puissant et ses cheveux longs coiffés en une queue de cheval approximative mais élégante. D'un sourire posé sur son bouc bien taillé, il acceuillit plus convenablement la postulante.

- Général "ballons" Régalia, enchanté. Si vous venez pour cette histoire au bordel de Baie-du-Butin, je n'étais que peu impliqué et je ne suis pas responsable pour les trois elfettes. Si vous venez pour autre chose... Dites moi tout, maintenant que je suis là.

Effectivement, Zim n'avait pas menti. Du ballon il y avait, mais il n'allait pas risquer de s'afficher davantage en glissant une oeillade où deux. Bon, que lui voulait on, au juste ?

Après les incidents provoqués par le jeune rouquin, dont Keolys savait désormais qu'il s'appelait Zim, ainsi que son imprudent toucher de l'opulente poitrine de la dame (certaines personnes mal avisées avaient fini avec une ou deux dents en moins pour moins que ça, mais il faut dire que Keolys s'était grandement assagie ces dernières années), elle concentra son attention sur l'homme, de quelques années son aîné, qui se présentait à elle, non sans humour, sans doute afin de ne pas faire les frais de l'indiscretion flagrante de son subordonné à son sujet.

Il faut dire que beaucoup de femmes l'auraient giflé pour moins que ça, prétendant avoir été atteintes dans leur honneur, bafouée dans leur vertu, giflée dans leur intégrité et autres blablas du genre, mais Keolys n'appartenait pas à cette catégorie. Venant de la campagne, le franc parler et les blagues grivoises ont fait partie de son quotidien depuis sa naissance. De plus, elle se savait plutôt favorisée par la Nature quant à son physique, et les commentaires de ses anciens camarades apprentis l'avaient affranchie de tout ce qu'elle n'avait pas appris en écoutant son père jurer où en l'entendant simplement "faire la cour" à sa mère lorsqu'il croyait tout ses enfants endormis.

C'est donc avec un sourire chaleureux et sans arrières pensées que Keolys s'inclina légèrement, avant de se présenter à son tour:

-Je m'appelle Keolys Pendleton, ancienne apprentie de l'Ordre des Paladins de Hurlevent, et... Selon les dires des dernières personnes que je viens de croiser, dotée de "ballons" impressionnants.

Elle rit ensuite de bon coeur, avant de continuer:

-Plus sérieusement, j'ai lu l'affiche de votre Ordre sur le quai, et je me suis tout de suite reconnue dans la description de vos membres qui y est faite. Et comme je suis actuellement à la recherche d'une voie à suivre (elle marqua une pause, comme si elle se rappelait d'un devoir qu'elle n'avait pu encore honorer) et d'un moyen de rendre ce monde meilleur pour tous, je me suis présentée.

Elle prit ensuite un ton un peu plus déçu, se rappelant que sa candidature était compromise, bien que ses attributs physiques lui aient permis de rencontrer le chef des Sentinelles.

-J'ai cependant cru comprendre que vous refusiez actuellement les candidatures, aussi je comprendrais que vous préfériez refuser la mienne, et retourner à vos occupations. Sachez toutefois que si vous décidiez de m'accepter malgré tout, vous gagneriez un soldat acquis à votre cause et fidèle...

Elle réfléchit un instant, avant d'ajouter avec un sourire amusé:

-Ainsi que l'opportunité, bien evidemment, d'avoir l'occasion de continuer à... Observer discrètement les attributs dont la Lumière ma fait don dans son infinie bonté!

Marquer des points avec Valenth n'était pas bien sorcier. Il suffisait en général d'être une donzelle, d'être jolie et décoltée assez souvent. Si d'aventure vous aviez eu l'idée et le bon goût d'être une draeneï, vous pouviez même envisager de lui faire des enfants et de lui passer la bague au doigt.
Si Keolys ne pouvait malheureusement prétendre aux dernières options (parce que Kzandra aurait émasculé sans attendre son Doudou de fiancé), elle parvenait rapidement à s'attirer la sympathie du général. Quelques rondeurs mammaires et un peu d'humour avaient sû confirmer à Régalia que son interlocutrice ne s'offusquerait pas de quelques oeillades et autres sous-entendus. Pas qu'il s'en serait privé non plus, mais ça faciliterait grandement leurs relations à venir... Au moins dans les prochaines minutes.

- Ravi de faire votre connaissance à tout les trois, vous et vos deux ballons !

Il partit lui aussi d'un rire franc avant de l'écouter tandis qu'elle enchaînait. L'homme profita du temps de la tirade pour dévisager la paladine et la graver en mémoire. Avec patience et en silence, Valenth l'écouta exposer les raisons de sa venue. Et un peu malgré lui, il ne fût pas étonné de ce qu'il entendit. A croire que tout le monde avait les mêmes raisons de s'engager sous la bannière des Sentinelles.... Toutefois, le Général n'en montra rien. Keolys voulait sa chance et le lordaeronien ne la lui refuserait pas.
Valenth se contenta de croiser les bras et de lui sourire doucement, comme pour l'inviter à poursuivre, ce que Keolys s'affaira à accomplir. Bien naturellement -elle était un peu là pour ça, après tout- elle se "vendit" et tenta même la carte de l'humour pour se faire valoir aux yeux du Général, qui ne pût s'empêcher de laisser fuser un puissant éclat de rire. Vraiment, Keolys n'était pas pour déplaire.
Il prit quelques secondes pour se calmer, avant de l'inviter à le suivre à bord. En silence, Valenth mena la belle paladine dans la salle commune du navire, lieu de vie où se trouvaient quelques tables pour le repas, un grand tableau d'affichage et, un peu à l'écart, un petit bureau couvert de paperasses... Leur destination, puisque l'homme tira le siège à l'attention de sa compagne, avant de s'assoir sur le bord du meuble et de plonger son regard dans le sien.
Bien que l'amusement fût toujours présent dans les yeux verts, le sérieux y avait fait son apparition. La suite serait évoquée avec fermeté et il ne ferait pas bon la prendre à la légère.

- Votre charmante poitrine mise à part, vous avez vos chances. Le recrutement est clos, c'est vrai. Mais si vous savez me convaincre, je ne rechignerais pas à le réouvrir de façon particulière. Toutefois... Il vous faudra plus qu'un joli sourire et une poitrine rebondie pour se faire.

Valenth marqua une pause, comme pour lui laisser le temps de comprendre que les choses sérieuses commençaient vraiment. Il leva la main droite vers elle, lui montrant un anneau doré serti de trois pierres rouges.

- Cet anneau représente mon allégeance aux Sentinelles, le fait que j'en comprenne la raison d'être et que j'en adopte la philosophie. Ces deux éléments ont été bien galvaudés par nombre de personnes vous ayant précédée et il va vous falloir plus que me dire "je veux aider mon prochain" et "je me retrouve en vous". C'est flatteur, mais c'est trop passe-partout à mes yeux. Je ne veux plus me laisser aller à recruter simplement parce que les gens parviennent à faire illusion. Je veux du solide, du concret.

Comme pour ponctuer sa phrase, Valenth frappa du poing sur la table. Pas violemment, non. Juste pour l'image, pour accentuer le fond de sa pensée et de sa demande.

- Alors dites moi sans détours ce qui fait battre votre coeur, demoiselle Pendleton. Donnez moi une raison d'avoir envie de me reposer sur vous dans les tourmentes, donnez moi une raison de vous assurer par la Lumière et mon nom que vous pourrez toujours compter sur moi et tout ceux qui portent notre anneau et ce quoi qu'il arrive.

Les mots étaient éloquents, mais lâchés avec le coeur et avec la ferveur de celui qui en croyait le sens. C'était bien plus qu'un beau parleur et dans ces yeux vivait cette flamme vivace de ceux qui croient en leurs dires et qui feraient tout pour le prouver.

Alors qu'elle était assise dans cette pièce, et qu'elle écoutait les paroles du Général, Keolys se mit à réfléchir. Bien sûr, elle savait qu'avoir du charme et de l'humour ne suffiraient pas à la faire entrer dans un ordre comme celui des Sentinelles, elle se doutait même qu'un simple test de compétences au combat ou au commandement ne serait pas la seule source de son entrée ou non, encore plus depuis qu'elle savait que, si elle venait à être acceptée, elle serait une exception au tableau. Même si la jeune femme avait espéré ne pas avoir à dévoiler ses pensées et ses secrets, elle se doutait qu'elle aurait à le faire.

-Ce qui fait battre mon coeur...

Instinctivement, elle porta la main sur une chaine en argent pendant à son cou, la tira et attrapa le fermoir accroché à celle-ci, avant de plonger ses yeux azurs dans ceux du Général, avec, pour la première fois depuis leur rencontre, un air vraiment sérieux.

-J'aurai deux choses à vous montrer pour que vous compreniez bien la portée totale de ce que je suis, l'une concerne mon passé, l'autre mon présent. Quelque soit l'issue de notre entretien, je vous saurai gré de ne plus me poser de questions à ce sujet par la suite. Après tout, nous avons tous droit à nos petits secrets...

Elle eut un léger sourire, presque triste, avant de détacher la chaine, d'ouvrir le médaillon et de le tendre à Valenth. Sur chaque face, une gravure différente. La première, qui semblait assez vieille, représentait un jeune couple, dont la femme, bien qu'elle ait des cheveux noirs de jais, ressemblait fortement à la Paladine. L'autre, plus récente, représentait un petit garçon et une petite fille.

"La première image représente mes parents. Nous étions une famille de 8 enfants, aujourd'hui nous ne sommes plus que trois. Ils étaient fermiers à la Marche de l'Ouest, avant... Les événements que nous connaissons tous. Etant la troisième fille de la famille, je savais que je devraisme trouver un travail par moi-même, et c'était tant mieux, car je ne me voyais pas fermière, aussi honorable que soit ce métier. Malheureusement, quand j'eus 16 ans, on m'apprit que mes deux frères ainés, des jumeaux, étaient morts lors d'une obscure bataille entre orcs et humains, comme il y en avait tous les jours à l'époque. J'étais devenue, de facto, la future propriétaire de notre ferme, mais comme je l'ai dit, je n'ai pas l'âme d'une fermière. Jeune et impétueuse je me suis enfuie, pour suivre l'entrainement des Paladins, et ce malgré une forme de Destin tracé que je vous expliquerai par après. Bien sûr, sur le moment je n'ai pas mesuré les conséquences de mes actes, et je n'ai donné aucune nouvelle à mes parents. J'y suis retournée quatre ans plus tard, afin de mettre les choses au point, mais je n'y ai trouvé que ruines...

La voix de Keolys se fit moins assurée, comme si elle revivait la scène dans son esprit, elle se reprit néanmoins, et continua:

"Mes parents étaient des gens très bien vous savez, ce qui, quand on connait la généalogie qui est la nôtre, est une chose très étonnante. Ils ont vite cru que l'on m'avait enlevée, et on demandé de l'aide à une bande de brigands qui commençait à l'époque à prendre de l'essor, les Defias que nous connaissons maintenant, afin qu'ils les aident à me retrouver. Bien sûr, les brigands leur demandaient sans cesse plus d'argent, et il advint un moment où mon père ne put plus rien payer. Je ne dois pas vous apprendre les méthodes de ce genre de personne, quand on ne peut plus payer, on peut s'attendre au pire... J'ai appris plus tard qu'ils avaient emmené ma famille entière comme esclaves dans leur mine. Le temps que je les localise et que je puisse trouver des gens pour m'aider, ils étaient... Tous morts, sauf mes deux plus jeunes frères et soeurs, que vous pouvez voir de l'autre côté du médaillon.

Anticipant un éventuel commentaire du Général, Keolys préféra mettre les choses au point tout de suite:

-J'avais changé à l'époque, et ils étaient très jeunes quand je suis partie, alors j'ai préféré leur cacher mon identité. Je les ai emmené à l'orphelinat d'Hurlevent, où ils bénéficient d'un excellent traitement grâce à une grande partie de l'argent que je gagne. Le plus âgé sera bientôt en âge de devenir indépendant, et je veux m'assurer que plus rien ne viendra jamais assombrir leur vie. J'ai fait mes choix, et je vis avec le poids de mes erreurs, pour cela je ne cherche ni compassion, ni aide. En revanche, je sais que le seul moyen de m'assurer qu'il ne leur arrivera rien est de rendre ce monde meilleur, bien meilleur que ce qu'il n'est actuellement. Voilà la première raison pour laquelle je veux vous rejoindre. L'Ordre des Paladins a déçu mes attentes sur ce point, énormément. Je sais que je ne peux pas changer le monde seule, mais en faisant partie de votre Ordre, je peux changer les choses. Ceci était la première chose qui dicte la plupart de mes choix, peut-être que, d'une certaine façon, ce qui est arrivé est arrivé dans ce but, après tout la Lumière a parfois des façons bien à elle d'influer sur le monde...

Keolys resta un instant pensive, avant de poursuivre.

-Pour ce qui est de mon présent, je veux et je tiens à prouver au monde qu'il ne faut pas être noble pour devenir un héros, que le plus petit d'entre nous peut devenir un rempart contre le mal. Je veux prouver à ces gens qui regardent le peuple de haut qu'ils ne pourraient pas survivre un an sans tous ces gens qu'ils méprisent et considèrent comme inférieurs. Et le meilleur moyen d'y arriver, c'est de devenir moi-même quelqu'un dont ils ne pourront plus nier l'existence, quelqu'un qui leur serait indispensable. Et c'est là que votre Ordre entre en jeu, bien sûr. Vous êtes connus dans tout Azeroth comme les protecteurs de nos lois, du peuple et de nos valeurs. Si j'arrive à me faire une place parmi vous, je ferai partie de votre légende (elle sourit) et je pourrai enfin atteindre mes buts.

Elle fixa le Général, avant de poursuivre:

-Tout cela peut paraître égoïste, je le sais bien, mais soyez assuré que telles ne sont pas mes intentions. Si vous m'acceptez dans vos rangs, je vous servirai dans l'honneur et la gloire, mais aussi dans l'adversité. Nul ne connait mieux que moi les conséquences des erreurs ou dex mauvais choix, mais je sais aussi qu'il vaut mieux les réparer que de chercher à en oublier les causes, de cela soyez assuré.

Alors qu'elle prononçait ses dernière paroles, les yeux de Keolys brulaient d'une intensité telle que l'on dirait qu'elle venait de dévoiler son âme entière à l'homme qui se tenait en face d'elle. Le coeur battant, elle l'observait, attendant d'eventuelles questions, ou, au moins, une réponse.

Le médaillon en main, Valenth écouta avec la plus grande des attentions. A la demande de la jeune femme de ne plus revenir sur ce qui serait évoqué dans les minutes qui suivraient, le Général répondit simplement par un signe de tête affirmatif. Il n'était pas homme à remuer le couteau dans la plaie et respectait les fardeaux que portaient les autres. Tous où presque sur ce navire étaient écrasés par le poids de leur passé et le Général ne faisait pas exception à la règle. Il comprenait le désir de Keolys, mais mesurait également la volonté de cette jeune femme s'endosser l'anneau.
Alors il écouta. Sans jamais l'interrompre, sans jamais sembler la juger où l'estimer. Patient et ouvert, l'homme se contenta de prêter une oreille des plus attentives à ce que la jeune femme avait à lui livrer. Et une fois qu'elle eut terminé, il lui adressa un petit sourire plein de compréhension.
"Encore une écorchée", ne pût il s'empêcher de penser.


- Il n'est pas question ici de devenir un héros, Keolys. Nous laissons ça à ceux qui sont taillés pour les exploits et la gloire. Toutefois, nous pensons effectivement que n'importe qui, même le plus modeste des paysans, peut devenir un rempart contre le Mal. Nous sommes adeptes du principe que qui que nous soyons, nous seront plus forts ensemble.


Avec douceur, ses doigts refermèrent le bijou, qu'ils tendirent à sa légitime propriétaire alors que le Général offrait à Keolys un regard plein de compassion. D'un peu de tendresse, aussi, mais Valenth en avait toujours eu à revendre. On ne devenait pas le Général des Sentinelles en ayant un coeur froid et dur comme de la pierre et de toutes façons, il n'en était pas capable. Enfin, il ne l'était plus. Le temps l'avait changé, lui aussi. Enfin, là n'était pas le propos.

- Mes Sentinelles sont un regroupement de cas sociaux, vous savez ? Certains sont les pires bras cassés qu'on puisse trouver, d'autres ne savent pas se tenir en société. Mais je n'en échangerais la plupart pour rien au monde et il n'y a rien que je ne ferais pas pour eux. Et je suis persuadé que l'inverse est valable, certains à une époque ayant eu la possibilité de le prouver. Etre une Sentinelle, c'est une philosophie. Parfois même, ça ressemble à une profession de foi et ce n'est pas de tout repos et il arrive que je ne facilite pas la tâche !

Le général lui adressa un petit rire, comme pour désarmorcer la "tension" qu'avait fait naître les révélations de Keolys. Comme pour continuer dans cette voie, il jetta un oeil à la poitrine (malheureusement écrasée sous la maille) avant de revenir la fixer.

- Je me dois de vous prévenir, toutefois. Les Sentinelles sont en pleine refection interne et vont perdre de leur forme actuelle. Nous allons nous mettre au service direct des souverains d'Azeroth et nous constituer pour eux en légion... Tout en gardant une indépendance spécifique et quelques uns de nos ojectifs. Nous allons nous faire plus militaires dans l'âme et revoir bien des choses. Bien sûr, je ferais en sorte que nous n'y perdions pas notre âme au passage. Aussi si vous en venez à être guildée maintenant, vous seriez vite prise dans le changement. Remarquez, ce peut être l'occassion de faire réellement vos preuves puisque tout sera à faire. Qu'en dites vous ?

L'homme lui laissa quelques instants pour assimiler ce qu'il venait de lui livrer, avant de lui demander simplement :

- Si vous avez des questions, je vous écoute. N'hésitez pas !

Après les révélations du Général, Keolys baissa légèrement la tête, afin de réfléchir clairement. Elle l'avait compris maintenant, il lui faudrait faire un choix. Si les Sentinelles devenaient une armée au service des dirigeants de l'Alliance, il était fort possible qu'elle doive un jour privilégier des ordres au fait de protéger le peuple, mais d'un autre coté, Valenth avait promis qu'ils n'y perdraient pas leur âme... De plus, les valeurs des Sentinelles resteraient portées sur la protection du peuple, et si, ensemble ils parvenaient à y arriver, la jeune femme aurait accompli ses buts, "réparé", du moins en partie, ses erreurs. Après un petit temps de réflexion, Keolys sourit, fixa de nouveau son regard dans celui du Général, et répondit:

-J'ai toujours aimé les défis, et arriver dans un Ordre en plein changement risque d'en être un très bon. Aussi si vous le permettez, j'aimerais définitivement mettre mes armes à votre service. Pour ce qui est des questions...

Elle sourit et prit un air amusé avant de répondre:

-C'est quoi, cette histoire d'elfettes à Baie-du-Butin?

Son hésitation était légitime, en vérité. La belle blonde ne connaissait pas encore assez Valenth pour savoir qu'il était un homme de parole et qu'il tenait généralement ses mots envers et contre tout. Non, les Sentinelles ne perdraient pas leur âme. C'était purement et simplement hors de question, Valenth et les siens ayant passé trop de temps à la forger. Mais cela, Pendleton aurait tout le loisir de le découvrir.
Elle souria et accepta de relever le défi que représentait pour elle la "nouvelle guilde". Voilà, pour un peu il aurait pû tomber amoureux d'elle. Mais c'était bien connu : Valenth aimait toutes les femmes, mais la réciproque n'était pas forcément vérifiable.

- Avant de vous décider, je vous propose d'y réfléchir à tête reposée, de mesurer le pour et le contre. Une fois que cela sera fait, revenez vers nous et faîtes nous part de votre choix définitif, d'accord ? Votre place ici est acquise, le temps que je m'occupe d'en parler à mes seconds. Nous allons nous occuper de quelques papiers administratifs, ce qui vous octoiera le recul nécéssaire. Revenez disons... Demain après-midi ?

Quant à la question, Régalia se contenta d'hausser un sourcil avant de rire doucement.

- Si je vous le disais, je serais obligé de vous tuer après. Où de vous demander de porter un décolté de temps à autre. Allez, filez.

Un petit sourire suffit à conclure l'entretien. Reviendrais, reviendrais pas ? Nul doute qu'il le saurait bien assez tôt.

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[Je t'envois un mp pour une rencontre IG, qu'on ai l'occassion de papoter rp un peu en "direct" ! ]